sábado, 6 de febrero de 2021

Sommet social à l'Elysée: le projet de loi sur les retraites attendra septembre - Libération

Une réunion des partenaires sociaux autour du Président pour fixer «l'agenda social 2010» se tenait lundi matin à l'Elysée. Sur les retraites, les discussions doivent commencer «début avril». Sarkozy a aussi renvoyé à avril un point d'étape sur les mesures pour l'emploi.

Nicolas Sarkozy et les membres du gouvernement rencontraient, ce lundi, les dirigeants syndicaux, à l'Elysée. (Philippe Wojazer / Reuters)

Convoqués pour un «sommet social» ce lundi, les dirigeants syndicaux étaient arrivés à l’Elysée avec la volonté de discuter d’abord de l’emploi alors qu’une nouvelle progression du chômage, certes ralentie, est attendue en 2010. Mais c’est sur le calendrier des retraites que le chef de l’Etat était le plus attendu. Le détail des décisions.

Retraites: pas d’accélération...

Les syndicats craignaient une procédure accélérée du gouvernement pour boucler une réforme à hauts risques avant l’été. Dès l’ouverture du sommet, Nicolas Sarkozy a tenté de les rassurer, écartant d’emblée l’adoption d’un projet de loi «par le Parlement en juillet», scénario qui avait «fuité» dans la presse ces derniers jours. Ce sera pour septembre, ont ensuite précisé plusieurs dirigeants syndicaux à l’issue du sommet.

Selon le calendrier proposé par le chef de l’Etat, les discussions commenceraient «début avril», après la publication du rapport du Conseil d’orientation des retraites (Cor), pour se prolonger «tout le temps nécessaire pour dialoguer». Et Sarkozy de souhaiter «un débat approfondi, qui ne s’enlise pas, qui ne s’éternise pas mais qui prendra le temps qu’il faut». Sur la question de la pénibilité, la concertation sera lancée «en parallèle».

Un timing qui ne convainc qu’à moitié les syndicats, soucieux d’éviter une «mascarade de concertation»: Bernard Thibault (CGT) et François Chérèque (CFDT) avaient demandé que le débat se déroule «sur l’ensemble de l’année». Selon Thibault, «les choses vont tout de même aller relativement rapidement». «C’est quand même un calendrier assez restreint», a déploré Chérèque.

(Chérèque et Thibault, lundi. Crédit: Philippe Wojazer/Reuters)

... Et motus sur le fond

Prudent, l’exécutif avait souligné que le sommet social devait aborder les questions de calendrier et de méthode, sans s’étendre sur le contenu de la future réforme. Mais si le chef de l’Etat n’a jusque-là pas dévoilé ses intentions, plusieurs ministres ont suggéré les deux pistes privilégiées par le gouvernement: le recul de l’âge légal de départ en retraite ou/et l’allongement de la durée d’activité. Deux options auxquelles s’opposent d’ores-et-déjà les syndicats. Selon un sondage (1), peu de Français croient encore à la retraite à 60 ans ou moins. 48% des sondés pensent pouvoir partir en retraite entre 60 et 64 ans, 40% au-delà de 65 ans et seuls 11% avant 60 ans. Interrogés sur les «pistes de réforme» qu’ils voudraient voir appliqués, ils répondent à 29% un «système d’épargne individuelle pour compléter le système actuel par répartition» et à 28% le relèvement de l’âge légal de la retraite au-delà de 60 ans. 21% préfèrent augmenter le montant des cotisations retraite et 12% en allonger la durée.

De son côté, Laurence Parisot (Medef) a redit, ce week-end, qu’il fallait «changer l’âge légal de départ à la retraite». Mais Jean-Claude Mailly (FO), en fait un casus belli: «Jamais nous ne transigerons sur l’âge légal de départ en retraite et sur l’allongement de la durée de cotisation. Nous n’hésiterons pas à aller à l’affrontement sur ces deux questions.»

Sur l’emploi, un point d'étape en avril

Au-delà de la réforme des retraites, les syndicats comptaient mettre sur la table les questions d’emploi, de pouvoir d’achat et, cite aussi François Chérèque (CFDT), «le malaise grandissant» de la fonction publique. Mais, sur l'emploi, Sarkozy leur a proposé de se revoir, en avril, avec le patronat, pour faire le point sur les mesures lancées pendant la crise. Alors que la France compte plus de quatre millions de demandeurs d’emploi en métropole et outre-mer, le chef de l’Etat a estimé, à un mois des régionales, que «la situation de l’emploi commence à s’éclaircir». «Cette amélioration doit encore être consolidée», a-t-il tempéré. Les syndicats, eux, réclament la reconduction des mesures annoncées il y a an. Mais, ces mesures étant coûteuses en argent public ou en cotisations de sécurité sociale, autant temporiser, juge l’Elysée, et voir celles qu’on peut «interrompre» ou «maintenir, voire renforcer».

Pas d'annonce sur les chômeurs en fin de droits

Autre sujet brûlant: l’aide aux chômeurs en fin de droits, pour lequel les syndicats réclament d’urgence une solution. Selon des données Pôle emploi, jusqu’à un million de demandeurs d’emploi arriveront au bout de leur indemnisation chômage en 2010, dont 400.000 sans revenu de remplacement. Le chef de l’Etat a renvoyé le dossier à «une concertation» avec le secrétaire d’Etat à l’Emploi Laurent Wauquiez. Lequel devra examiner «toutes les solutions possibles» sur la base d’«un financement commun». «Il ne s’agit pas de créer une allocation d’assistance de plus mais de donner à chacun d’entre eux une formation rémunérée qui leur permette de retrouver un emploi», a écarté Sarkozy, tout en donnant son accord à un «financement partagé» de nouvelles mesures entre Etat et Unedic. Vendredi, aucun accord n’avait pu se dégager d’une réunion patronat-syndicats.

Les six organisations syndicales (CGT, CFDT, CFE-CGC, CFDT, FSU, Unsa et Solidaires) devaient se retrouve, ce lundi dans la soirée, pour décider d’une éventuelle journée d’action.

(1) Sondage réalisé par téléphone vendredi et samedi auprès d’un échantillon représentatif de 938 personnes, (méthode des quotas).