sábado, 6 de febrero de 2021

Le socialiste Ali Soumaré va porter plainte pour diffamation - Libération

Le candidat du Val d'Oise pour les régionales a été attaqué par des élus UMP du département sur son casier judiciaire.

Ali Soumaré, tête de liste PS aux régionales dans le Val-d'Oise, lors d'une conférence de presse, le 13 décembre 2009. (AFP/FRANCOIS GUILLOT)

Trois jours après les attaques de la droite francilienne sur le passé judiciaire du candidat socialiste du Val d’Oise, Ali Soumaré, qualifié de «délinquant multirécividiste chevronné», le PS étaye sa ligne de défense. Et réplique sur plusieurs fronts. Judiciaire d’abord: l’avocat d’Ali Soumaré va porter plainte pour diffamation. Et politique: le porte-parole du PS, Benoît Hamon, et Jean-Paul Huchon ont dénoncé une «campagne de caniveau» et un «climat insupportable», «nauséabond». Et pointé plusieurs interrogations sur la manière dont les maires UMP de Franconville et de Saint-Leu-la-Forêt, Francis Delattre et Sébastien Meurant, se sont procurés les pièces.

Comme le président sortant de la région Ile-de-France, Jean-Paul Huchon, l’avait indiqué, dimanche soir, l’avocat d’Ali Soumaré, Me Jean-Pierre Mignard, a annoncé son intention de saisir, «dans la semaine», le doyen des juges d’instruction de Pontoise d’une plainte en diffamation. Le candidat socialiste, a-t-il précisé, nie trois des cinq affaires (condamnations ou procédures judiciaires en cours) que lui ont imputées les élus UMP, dont celle d’un vol aggravé en 2004.

«Condamnations déjà prononcées»

Concernant les deux autres affaires, une condamnation remontant à 1999 – vol aggravé – n’a plus le droit d’être évoquée publiquement, a assuré Me Mignard, affirmant qu'il y a prescription. Prenant la défense de Soumaré et regrettant qu’on «met[te] en cause sa probité, son passé», Benoît Hamon a expliqué sur cette affaire: «Il reconnaît que, quand il avait 18 ans, il a fait de grosses bêtises pour lesquelles il a été condamné. Il a exécuté sa peine.»

Quant à la dernière condamnation, qui date d’octobre 2009, l’avocat ne cache pas son étonnement: une peine pour des faits de rébellion à agents de la force publique, qui n’avait même pas été signifiée par les services du tribunal de Pontoise à Soumaré. Ayant dix jours pour faire appel à partir de la date à laquelle la décision a été signifiée, Me Mignard a fait appel «immédiatement ce (lundi)-matin même». Selon le texte du jugement, Ali Soumaré aurait écopé de deux mois de prison ferme «compte tenu des condamnations déjà prononcées à son encontre».

«Un robinet qui alimente directement l’UMP»

Jean-Pierre Mignard va déposer une plainte pour violation du secret professionnel concernant une présumée conduite sans permis en mai 2009 et mentionnée dans les communiqué des deux élus UMP. Selon eux, Soumaré, qui nie cette affaire, a été visé par «une ordonnance pénale du 16 février 2010». «Nous ne voyons pas à quoi il est fait allusion, aucune ordonnance pénale n’a été signifiée à M. Soumaré», s’interroge Mignard, qui demande au procureur de la République de Pontoise «de voir dans quelles conditions cette information a pu être communiquée et dans quel dessein». Sur l’affaire de la conduite présumée sans permis, «trois personnes sont au courant» de l’ordonnance pénale, «le greffier, le juge et le procureur», renchérit Hamon. «La personne concernée n’est même pas au courant. Ce qui confirme bien qu’il y a un robinet qui alimente directement - des services de police ou du parquet - l’UMP sur des informations qu’Ali Soumaré conteste», en déduit-il.

Dans l’entourage du maire (UMP) de Franconville, Francis Delattre, on assure à Libération.fr s’être procuré les élements «au greffe du tribunal» de Pontoise: «Tout est totalement public, ils font des recherches et ils vous retrouvent tout.» «Il suffit d’aller sur Internet» ou «au greffe», promet aussi Frédéric Lefebvre, porte-parole de l'UMP sur RTL. Selon lui, «c’est ce qu’ont fait les élus, et ils ont trouvé un certain nombre de documents très précis».

L’avocat de Soumaré a, lui, qualifié le communiqué des deux maires UMP de «procédé abject venant de maires officiers de police judiciaire ayant pour mission de faire respecter le droit des personnes», concluant: «L’intention de nuire est patente en période électorale.»