sábado, 6 de febrero de 2021

L’UMP francilienne engluée dans l’affaire Ali Soumaré - Libération

Régionales . La tête de liste, Valérie Pécresse, a condamné les méthodes des élus du Val-d’Oise. Qui n’ont pas apprécié.

Valérie Pécresse, la tête de liste UMP aux régionales en Ile-de-France, arrive pour participer à un débat dans les studios de France 3 Ile-de-France, le 20 février à Malakoff (© AFP Miguel Medina)

Panique dans la majorité. En Ile-de-France, Valérie Pécresse et ses colistiers peinent à se mettre d’accord sur les conséquences de l’affaire Ali Soumaré. Alors que plus personne, à droite, ne se donne la moindre chance de victoire sur le président socialiste sortant Jean-Paul Huchon, la polémique autour des condamnations du jeune candidat de Villiers-le-Bel (Val-d’Oise) met au jour de profondes divisions. Dans la région capitale, la droite en campagne s’enfonce dans la dépression. Pécresse a eu mardi des explications orageuses avec ses colistiers. Elle ne veut plus entendre parler du casier judiciaire de la tête de liste PS dans le Val-d’Oise. Elle a fait savoir mardi que les méthodes du maire (UMP) de Franconville, Francis Delattre, auteur des révélations partiellement fausses sur Soumaré, ne correspondent «ni à [sa] conception de la politique ni à [ses] valeurs».

«Evénements». Dans le Val-d’Oise, les militants UMP n’ont pas apprécié. Pas question pour eux de ne pas exploiter politiquement le cas Soumaré: «Quoi qu’on dise, il reste un délinquant. Nos électeurs ne comprendraient pas que nous passions cela sous silence», explique un militant. Le député (UMP) Axel Poniatowski, tête de liste départementale, a estimé hier que même si une des condamnations attribuées à Soumaré est «erronée», il n’en reste pas moins que le candidat PS a «quand même un bagage assez lourd». «C’est un problème pour le Parti socialiste, ce n’est pas un problème pour nous», a-t-il ajouté. Par l’intermédiaire de son avocat, Francis Delattre a présenté hier ses «excuses publiques» à Soumaré pour lui avoir imputé un délit commis par un homonyme. Mais il rappelle que «quatre autres événements» sont en revanche confirmés. Dans un communiqué de presse titré «Affaire Soumaré : les réalités judiciaires», l’avocat de Delattre donne le détail de ces «événements».

Axel Poniatowski a dû se fendre, lui aussi, d’un communiqué pour démentir avoir confié au Monde que Valérie Pécresse avait «donné son accord» au lancement des accusations contre Soumaré. Mais selon un dirigeant de l’UMP, cité hier par RTL, ces accusations étaient programmées depuis la fin de l’année 2009.

Tandis que les dirigeants de la majorité se tiennent prudemment à distance de cette affaire «purement locale», Frédéric Lefebvre, porte-parole de l’UMP, a proposé que les candidats rendent public leur casier judiciaire et qu’ils soient rendus inéligibles s’ils ont été condamnés pour des actes de «violence contre des personnes».

Tonitruante. Remarquablement discrète quand les élus UMP dénonçaient vendredi le «délinquant multirécidiviste chevronné», Fadela Amara s’est lancé hier dans une tonitruante défense du socialiste : Ali Soumaré est «un homme de conviction» ayant «joué un rôle très important» pour «calmer le jeu» lors des émeutes en 2005. S’il a «fait des bêtises,il a payé[et]il faut être en capacité de tendre la main pour aider des jeunes qui ont rencontré des difficultés à construire avec nous le vivre ensemble».

On a rarement atteint un tel niveau de cacophonie. Au point que le ministre de l’Intérieur, Brice Hortefeux, s’est dévoué hier pour suggérer que la «confrontation d’idées» remplace la polémique : «Je souhaite que la campagne se déroule dans un climat calme, apaisé, de confrontation d’idées», a-t-il déclaré. Sous son autorité, la Direction générale de la police nationale (DGPN) confirmait hier qu’elle se réservait le «droit de saisir» son Inspection générale afin de déterminer si les informations sur Soumaré proviennent de fichiers de police.