Jean-Jacques Augier, trésorier de la campagne de François Hollande en 2012, a assuré jeudi dans un entretien à l’AFP que le chef de l’Etat n’avait «rien à voir, ni de près, ni de loin» avec ses investissements dans des sociétés aux îles Caïmans, dont il n’a eu «en aucun cas» connaissance.
De Rabat où il était en déplacement, le président de la République a affirmé en fin de journée ne «rien» connaître des «activités privées» de celui qui fut son trésorier de campagne. «Si elles ne sont pas conformes à la loi fiscale, je demande que l’administration» s’en empare et qu’elle fasse «les rectifications si nécessaire», a ajouté François Hollande lors d’une conférence de presse. Sur ces «activités privées», «c’est à l’administration fiscale de faire son travail», a-t-il insisté.
«Personne ne pouvait savoir» que Jean-Jacques Augier avait un compte dans un paradis fiscal alors qu’il gérait les comptes de campagne de François Hollande, a dit sur Canal+ le ministre Stéphane Le Foll, un proche de Hollande.
Le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, qui était directeur de la communication de la campagne de François Hollande, a dit également sur France 2, qu’il n’était «évidemment» pas au courant. «S’il le faut, l’administration fiscale aura à enquêter», a-t-il dit, avant d’ajouter: «Je ne supporte pas cette place de l’argent dans notre société et notamment ces paradis fiscaux.»
La diffusion jeudi par plusieurs journaux de noms de personnalités ayant participé à des investissements offshore, dont Jean-Jacques Augier, a nourri la polémique après le choc des aveux de l’ancien ministre du Budget Jérôme Cahuzac sur l’existence d’un compte non déclaré à l’étranger. Même si être actionnaire d’une société offshore n’est pas en soi une infraction. Toute la journée, Jean-Jacques Augier a plaidé la légalité de ses activités et l’ignorance de celles-ci par le chef de l’Etat.
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François Hollande «n’a rien à voir, ni de près, ni de loin avec mes activités. Il n’en a eu connaissance en aucun cas», a-t-il dit à l’AFP, avant de s’insurger contre «l’utilisation que l’on essaye de faire de (s)a personne pour atteindre le chef de l’Etat». Il s’est dit «prêt à ouvrir (ses) comptes, personnels et privés à toute autorité publique qui le demanderait».
Augier a affirmé, en outre, n’avoir tiré «aucun avantage fiscal particulier ni en France, ni ailleurs» de ses participations effectuées via sa société Eurane dans des firmes enregistrées aux îles Caïman. Il a expliqué «avoir effectué deux investissements en Chine», dans une chaîne de librairies (Xishu) et une prise de participations très minoritaire (2,5% actuellement) dans une société développant une agence de voyage en ligne (Xanadu).
Ces deux investissements «ont été effectués à travers une prise de participation capitalistique dans deux sociétés holdings enregistrées aux îles Caïmans aux côtés d’autres actionnaires», a informé sa société Eurane, en précisant qu’il s’agissait des sociétés IBL (International Bookstore Limited) en 2005 et Xanadu en 2008.
«Ces deux participations sont intégrées en toute transparence, conformément à la législation fiscale, et ce depuis l’origine, dans les comptes de la société d’investissement Eurane en France et dans ceux de la société Capital Concord Development à Hong Kong», a précisé Eurane dans son communiqué.
Eurane «détient à ce jour directement et par la société holding Capital Concord Development (filiale à 100% d’Eurane) environ 70% de la société IBL et environ 2,5% de la société Xanadu», a-t-elle détaillé.