Cette étude publiée aux États-Unis lève aussi le voile sur la filiation du jeune pharaon, décédé il y a plus de 3000 ans. Son père est Akhenaton, tandis que sa mère, la momie KV35YL, reste inconnue.
Le visage de Toutankhamon est exposé dans une vitrine à la Vallée des rois, le 4 novembre 2007 (AFP Cris Bouroncle)
Le jeune pharaon légendaire Toutankhamon dont la cause du décès, il y a plus de 3.000 ans, restait un mystère serait mort du paludisme combiné à une affection osseuse, selon une étude publiée mardi aux Etats-Unis qui révèle aussi sa filiation, jusqu'ici incertaine.
Toutankhamon est mort tellement jeune, à 19 ans en 1324 avant notre ère, et sans héritier, que les égyptologues ont abondamment spéculé sur l'hypothèse de maladies héréditaires dans la famille royale de la XVIIIe dynastie aussi bien que sur la cause de son décès après neuf ans sur le trône, explique Zahi Hawass, responsable des antiquités égyptiennes au musée du Caire, le principal auteur de cette étude.
Les chercheurs se sont appuyés sur plusieurs méthodes dont la radiologie et l'analyse d'ADN pour cette recherche effectuée sur 16 momies dont onze, y compris celle de Toutankhamon, étaient apparemment membres de la famille royale.
Tye, la grand mère
Ces travaux conduits de 2007 à 2009 visaient à déterminer les liens de parentés et de sang, et l'existence de caractéristiques pathologiques héréditaires chez Toutankhamon. Ils ont permis d'identifier le père du pharaon comme étant Akhenaton, époux de la légendaire reine Néfertiti.
Les deux momies partagent plusieurs caractéristiques morphologiques uniques et ont le même groupe sanguin. Les auteurs de cette recherche ont aussi déterminé que la mère du jeune pharaon serait la momie KV35YL dont le nom reste inconnu. Ils ont aussi identifié sa grand mère, la reine Tye, mère d'Akhenaton.
«Ces résultats laissent penser qu'une circulation sanguine insuffisante des tissus osseux, affaiblissant ou détruisant une partie de l'os, combinée au paludisme, est la cause la plus probable de la mort de Toutankhamon» et ce à la suite d'une fracture, écrit Zahi Hawass dont les travaux paraissent dans le Journal of the American Medical Association (JAMA) du 17 février.
Pharmacie pour l'au-delà
Ce diagnostic a pu être établi surtout grâce aux tests génétiques qui ont révélé une série de malformations dans la famille de Toutankhamon comme la maladie de Kohler qui détruit les cellules osseuses.
Les analyses d'ADN ont également mis en évidence la présence de trois gènes liés au parasite Plasmodium falciparum responsable du paludisme chez quatre des momies étudiées, dont celle de Toutankhamon. «Ce diagnostic est conforté par la découverte dans sa tombe de canes et d'une pharmacie pour l'au-delà», précisent les chercheurs.
Cette recherche a également écarté l'hypothèse émise à partir des peintures de l'époque, que Toutankhamon ou tout autre membre de la royauté souffraient de gynécomastie, développement des seins chez les hommes, ou du syndrome de Marfan, maladie génétique rare pouvant entraîner des déformations physiques.
Questions éthiques
«Il est improbable que Toutankhamon ou Akhenaton aient eu une apparence étrange ou efféminée», estiment les auteurs. Ils rappellent que les pharaons se faisaient souvent représenter avec leur famille de manière idéalisée.
Toutankhamon et ses ancêtres étaient peu connus jusqu'à la découverte en 1922 dans la vallée des rois par le Britannique Howard Carter de sa tombe intacte avec un fabuleux trésor, dont son masque mortuaire en or massif.
Dans un éditorial accompagnant l'étude, le Dr Howard Markel, de l'Université du Michigan (nord), estime que cette recherche soulève des questions éthiques comme le fait de savoir si des personnages historiques ont le même droit au respect de leur vie privée après leur mort que des citoyens ordinaires.
(Source AFP)