sábado, 6 de febrero de 2021

Fracassant - Libération

Considérant qu’un jeune geek un peu mariole a passé lundi une heure devant son ordinateur pour poster sur un forum tendance prépubère le sujet de maths du bac S du lendemain ; considérant que onze candidats bacheliers se sont connectés le soir même sur ledit site et que la moitié était en section S (je sais, ça fait 5,5 personnes, c’est pas évident, mais j’ai fait L) ; considérant que deux des élèves en question dormaient devant leur ordinateur ; quelle est la probabilité de voir le bac remis en cause avant 2054 ?

On se moque mais on ne devrait pas. L’incident qui perturbe le déroulement du bac 2011 n’est drôle ni pour les candidats, ni pour leurs parents. Pour les uns comme pour les autres, cet examen reste un rendez-vous avec la collectivité nationale en même temps qu’un événement intime, une étape personnelle. Il peut être heureux ou malheureux. Là, un imbécile le leur aura en partie volé. C’est moche. Que retenir sinon des réactions suscitées par cette fuite ? Elles en disent long sur les tensions qui s’accumulent sur cette porte d’entrée vers l’enseignement supérieur qu’est le bac. Bienvenue en France, pays où tensions scolaires maximales et angoisses sociales font très bon ménage. Sur le bac lui-même, la mobilisation démentielle de la machine administrativo-éducative a atteint un sommet de ridicule en se fracassant sur un site intitulé Jeuxvideo.com. Tout un symbole. Avant l’Internet et les réseaux sociaux, la réforme du bac s’imposait. C’est encore plus vrai depuis lundi.

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