Ce mardi matin, devant les grilles du lycée Guillaume Apollinaire, de Thiais. (DR)
Les enseignants du lycée Guillaume-Apollinaire de Thiais ont décidé mardi d’exercer leur «droit de retrait» au lendemain d’une nouvelle agression d’élève dans le Val-de-Marne qui a conduit Luc Chatel à annoncer des états généraux sur la sécurité à l’école.
Alors que l’ensemble de l’Académie de Créteil était appelée à la grève mardi, les professeurs de ce lycée polyvalent ont décidé à «une très forte majorité d’exercer leur droit de retrait» et de cesser les cours, a rapporté Marianne Boucheret, professeur d’histoire-géographie, s’exprimant devant l’établissement en présence d’une délégation d’enseignants.
«On veut des moyens pour empêcher les tensions», a-t-elle ajouté, affirmant que le lycée ne comptait que 11 surveillants à mi-temps pour 1.500 élèves et que les sept caméras déployés dans l’établissement «ne réglaient rien».
Lundi, un élève de 17 ans a été blessé à coups de cutter en plein cours d’éducation physique par plusieurs personnes qui se sont introduites à l’intérieur du gymnase attenant au lycée.
Mardi matin, une centaine d’élèves ont brièvement interdit l’entrée de l’établissement, qui fait face à une cité HLM, avant de se disperser. Une pancarte --le mot «violence» barré d’un grand trait-- est restée accrochée à la grille d’entrée.
Dans la ville voisine de Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne), les enseignants du lycée Adolphe-Chérioux qui avaient cessé les cours le 3 février après l’agression au couteau d’un élève ont décidé de «suspendre» leur droit de retrait et de reprendre le travail mercredi.
Mais ils ont durement critiqué le ministre de l’Education nationale, Luc Chatel, pour ne pas avoir doublé le nombre de surveillants dans l’établissement (11 pour 1.500 élèves) comme ils le demandaient. «Le ministre se rend (…) responsable des incidents qui pourraient survenir à nouveau», ont-ils estimé dans un communiqué.
Des enseignants et parents d’élèves des deux établissements devaient se retrouver à 13H00 devant le lycée Chérioux avant de se rendre à la manifestation organisée à Paris à l’appel des syndicats pour protester contre les réformes de l’Education nationale.
Chatel annonce des états-généraux de la sécurité à l'école
Depuis janvier, plusieurs lycées de cette académie, qui regroupe trois départements (Seine-Saint-Denis, Val-de-Marne, Seine-et-Marne) sont mobilisés contre la réforme du lycée et les suppressions de poste. Une précédente journée d’action avait réuni environ 1.000 personnes jeudi dernier à Paris.
Réagissant à cette nouvelle agression dans un lycée du Val-de-Marne --la troisième depuis le début de l’année--, Luc Chatel a annoncé l’organisation en avril d’«états généraux de la sécurité à l’école».
«Il faut qu’à un moment les représentants des collectivités locales, les sociologues, l’Observatoire de la délinquance, l’Observatoire de la violence à l’école, puissent plancher avec un peu de recul sur la question de la violence à l’école», a dit M. Chatel sur France 2.
«L’ensemble de la communauté éducative doit faire front face à de nouveaux phénomènes de violence», a souligné le ministre qui entend appliquer «la tolérance zéro» sur des incidents comme celui de Thiais.
Interrogé sur la pertinence de ces états généraux, Mme Boucheret s’est montrée réservée. «On est ouvert à n’importe quel dialogue (…) mais sur des vraies questions», c’est-à-dire les «moyens humains» fournis par l’Education nationale, a expliqué l’enseignante, invitant M. Chatel à venir en débattre dans l’établissement.
(Source AFP)