sábado, 6 de febrero de 2021

RER: l'avocate du meurtrier présumé dénonce des "dysfonctionnements" - Libération

L’avocate du meurtrier présumé d’un voyageur dans le RER, vendredi à Paris, a dénoncé lundi des «dysfonctionnements» au sein de la police et des services médicaux, qui avaient été alertés par la mère du suspect sur la dégradation de l’état psychiatrique et la dangerosité de son fils.

«Il y a eu des dysfonctionnements. Il faudra que des personnes s’expliquent», a déclaré à l’AFP Me Geneviève Touati, qui doit défendre l’homme de 28 ans mis en examen pour meurtre et incarcéré dimanche pour avoir tué un quinquagénaire en le poussant violemment contre un RER qui entrait à la station de la gare de Lyon.

«La mère a vu le comportement de son fils se dégrader à grande vitesse. Elle a appelé les services médicaux et la police, mais la réponse donnée n’a pas été à la hauteur de la situation», a fustigé Me Touati.

«J’avais tiré le signal d’alarme», a témoigné la mère dans Le Parisien. «Je sentais que mon fils pouvait commettre l’irréparable à chaque instant», a-t-elle dit.

Son fils souffrait de «troubles psychiatriques lourds (…) détectés en août 2005». «Depuis, il a fait plusieurs séjours en hôpital psychiatrique, dont certains de plusieurs mois», a-t-elle assuré. De fait, le suspect était suivi en hospitalisation libre au centre Les Murets, à La Queue-en-Brie (Val-de-Marne).

Il «est suivi depuis 2005 comme schizophrène et souffrant de troubles profonds», a précisé l’avocate. «Il était chez sa mère où il devait subir (tous les mois) une injection pour stabiliser son comportement, mais en février il a refusé» de la faire, a-t-elle expliqué.

Le suspect était domicilié chez sa mère à Fontenay-sous-Bois (Val-de-Marne).

«La mairie a alerté le psychiatre et le commissariat»

Une élue de cette commune, que la mère avait contactée fin mars, «s’est démenée pour joindre les services médicaux et la police», a ajouté Me Touati. Mais, a-t-elle déploré, «cela n’a rien donné et il n’y a pas eu d’intervention avant le drame de vendredi».

Jean-Jacques Joucla, directeur du cabinet du maire (PCF) de Fontenay, a confirmé à l’AFP que «la mère avait sollicité une élue».

«La mairie a fait plusieurs fois des démarches, qui ne sont pas habituelles, en alertant le médecin psychiatre traitant du jeune homme et le commissariat», a ajouté M. Joucla.

Le 23 mars, «nous avons joint l’hôpital où son fils était soigné (et) conseillé à la mère de prévenir la police, qui est intervenue le même jour avec les pompiers dans l’appartement de la famille», selon lui. «Ils ont sorti le jeune homme de l’appartement puis l’ont relâché».

D’après une source policière, le suspect a, comme la loi l’exige, été examiné par des psychiatres au cours de sa garde à vue, au terme de laquelle, dimanche soir, le juge a estimé que son état était compatible avec son placement en détention et non en hôpital psychiatrique.

De toute façon, «il est trop tôt pour savoir s’il y a eu un dysfonctionnement», a prévenu Jean-Claude Pénochet, président du syndicat des psychiatres des hôpitaux. «L’affaire va encore être utilisée politiquement (…). Montrer qu’on prend des mesures sécuritaires contre les fous qui tuent, c’est politiquement payant», déplore-t-il.

En janvier, le meurtre d’un retraité à Roquebrune-Cap-Martin (Alpes-Maritimes), commis par un déséquilibré récidiviste, avait alimenté la polémique sur les difficultés de suivi sanitaire, légal et sécuritaire des malades mentaux dangereux, ainsi que sur le manque de moyens de la psychiatrie.

(Source AFP)