sábado, 6 de febrero de 2021

Fadela Amara: "Les bus brûlent parce que nous éradiquons les trafics de drogue" - Libération

Fadela Amara. (REUTERS)

«L’ordre républicain est émancipateur En marge du troisième forum Espoirs banlieues, organisé à Nice ce vendredi, Fadela Amara est revenue sur les violences survenues récemment à Tremblay-en-France et dans le quartier de la Grande-Borne, près de Grigny. «Les bus brûlent parce que nous sommes en train d’éradiquer l’économie parallèle, les trafics de drogue», a-t-elle déclaré.

La secrétaire d’Etat a apporté, une fois de plus, un soutien inconditionnel à la politique sécuritaire mise en oeuvre par le ministre de l’Intérieur, Brice Hortefeux. Elle a appelé à être «sans pitié face à l’économie parallèle qui tue la possibilité pour les familles de vivre tranquillement.» Et d’ajouter: «Pour réussir à l’école, il faut être tranquille.»

«La sécurité, ce n’est pas que pour les riches»

Récemment, l’ancienne patronne de Ni putes ni soumises n’avait pas hésité à reprendre l’expression très controversée du «Kärcher», employée par Nicolas Sarkozy juste avant les émeutes dans les banlieues en 2005. «La sécurité, ce n’est pas que pour les riches», dit-elle régulièrement.

Devant les associations et des élus, réunis à Nice pour faire le point sur l’application du plan Espoirs banlieues, lancé il y a deux ans, Fadela Amara est aussi revenue sur l’abstention massive des électeurs des quartiers dits sensibles lors des récentes élections régionales. «Cela m’inquiète, il ne faudrait pas que les quartiers deviennent l’angle mort du débat public.»

La secrétaire d'Etat a appelé les associations à promouvoir le civisme électoral pour que la population retrouve le «chemin des urnes». «Quand on ne vote pas, on n’existe pas! Quand un quartier ne vote pas, il n’existe pas.» Mais Fadela Amara a soigneusement évité de se lancer dans l’analyse des causes de cette abstention massive. Dans l’amphithéâtre du Palais des Congrès de Nice, une femme s’exclamait alors: «Mais les gens n’en peuvent plus! Ils n’y croient plus…»

Scepticisme

Auparavant, au cours de son intervention devant près de 800 personnes, en présence du ministre de l’Industrie et maire de Nice, Christian Estrosi, Fadela Amara avait délivré un plaidoyer pro domo sur «la dynamique» du plan Espoir banlieues, insistant sur les opérations de désenclavement dans les transports, sur la signature de 26.000 contrats d’autonomie pour l’emploi des jeunes (sans donner d’estimations sur les conversions en CDI) et sur les crédits obtenus dans le cadre du grand emprunt en faveur de la construction d’internats d’excellence.

Elle s’est aussi félicitée des opérations massives de rénovation urbaine conduites depuis plusieurs années dans les quartiers par l’Anru (Agence nationale de rénovation urbaine).

Résumant le scepticisme de nombre d’acteurs de terrain vis-à-vis de la profondeur du changement dans les quartiers, une militante associative a lancé sous les applaudissements de la salle: «C’est bien de vivre dans un cadre rénové et joli, mais si c’est pour le voir toute la journée…» Davantage que la rénovation de leur cadre de vie, les jeunes des quartiers veulent des emplois.