Il aura fallu beaucoup de temps pour que le rapport de la mission interministérielle sur les algues vertes montre le bout de son nez. Et de quelle manière ! Commandé par le Premier ministre, François Fillon, en août, après la mort d’un cheval sur une plage, il devait être rendu public début décembre. Mais ce sont les représentants agricoles des Côtes-d’Armor, reçus mercredi au ministère de l’Ecologie, qui en ont eu la primeur. Une initiative qui a fait bondir les responsables d’associations de défense de l’environnement, pourtant à la pointe du combat contre les marées vertes en Bretagne depuis trente ans.
«Il y a quelque chose qui n’est pas clair, s’alarme Gilles Huet, de l’association Eau et Rivières. Quel plan d’action a été décidé ? On n’en sait rien, les associations sont écartées d’un processus de concertation qui fait la part belle au monde agricole. Notre crainte, c’est d’être informés une fois que tout sera bouclé.» Après les représentants des collectivités, les associations seront reçues en début de semaine par les services de Chantal Jouanno, secrétaire d’Etat à l’Ecologie. Sans illusions. «Le peu d’empressement à rendre les conclusions de ce rapport est surprenant, remarque, désabusé, Denis Baulier, du collectif Urgence marées vertes. Cela laisse penser que les propositions pour lutter contre les marées vertes seront complètement liées aux enjeux des élections régionales avec peu de chose pour l’environnement.»
Le président de la chambre d’agriculture des Côtes-d’Armor, Olivier Allain, tenu par une promesse de confidentialité, n’a quant à lui rien voulu dévoiler du rapport. Mais alors que les tribunaux administratifs ont sévèrement pointé la responsabilité de l’Etat dans la prolifération des marées vertes pour son laxisme vis-à-vis du monde agricole (qui produit les rejets azotés nourrissant les algues), les associations craignent que celui-ci soit à nouveau ménagé. Jean-Yves Baudet, représentant de CAP Bretagne (Comité pour une agriculture positive) prédit, lui, que le plan d’action ne satisfera personne. «Ce sera toujours trop dur pour les paysans et pas assez pour les associations», dit-il. Le sujet devrait être évoqué mercredi au Conseil des ministres.