Monde 07/03/2010 à 09h47 (mise à jour le 08/03/2010 à 09h43)

Les Irakiens aux urnes, malgré les bombes

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Un Irakien regarde les restes d'un immeuble d'habitation détruit dans une explosion à Bagdad, le 7 mars 2010. (AFP Ahmad al-Rubaye)

Des millions d’Irakiens ont bravé dimanche obus et bombes qui ont fait 38 morts lors d’un scrutin législatif crucial.

Selon les premières estimations obtenues par l'AFP, Le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki domine dans les régions chiites et son rival Iyad Allawi chez les sunnites.

La Haute Commission électorale doit fournir des résultats partiels jeudi, les résultats définitifs le 18 et les résultats officiels après l'examen des plaintes seront annoncés à la fin du mois.

Selon les premières estimations obtenues par l’AFP auprès de responsables locaux, les régions sunnites qui avaient boycotté le scrutin en 2005 ont voté davantage que les provinces chiites. Ainsi 57% des électeurs se sont rendus aux urnes dans la province de Diyala, 63,8% dans la province d’Al-Anbar, 62% à Salaheddine et 65% à Ninive.

En revanche, dans les régions chiites, le pourcentage varie entre 48% à Wassit à 64% à Mouthanna alors que dans les autres la participation tourne autour de 55%. Dans la province de Kirkouk que se disputent Arabes et Kurdes, 70% des électeurs se sont rendus aux urnes.

Ce taux de participation est un camouflet pour Al-Qaeda qui avait menacé de mort quiconque participerait à ces élections, les deuxièmes depuis le renversement de Saddam Hussein. Al-Qaïda n’a pas réussi à intimider les régions sunnites, malgré les attentats, contrairement à 2005 où par exemple moins d’1% des électeurs avait voté à Al-Anbar. «Cette journée a montré l’échec du terrorisme et la victoire de la volonté du peuple», a déclaré à la télévision le Premier ministre Nouri al-Maliki.

Le représentant spécial de l’ONU en Irak, Ad Melkert, a lui qualifié le scrutin de «plutôt transparent». «Les Irakiens ont fait l’histoire et aujourd’hui est une importante étape sur la voie de la réconciliation nationale», a-t-il ajouté. Les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la France, l’Union européenne ont salué «le courage» des Irakiens qui sont allés voter malgré les attentats. Mais, a prévenu le président Barack Obama, «nous savons que l’Irak va faire face à des jours très difficiles et qu’il y aura probablement plus de violences».

Dès l’ouverture du scrutin à 7 heures (5 heures en France), les tirs d’obus de mortier et de roquettes katioucha ont secoué la capitale, survolée par des hélicoptères. Au moins 70 projectiles sont tombés principalement sur les quartiers sunnites. Trente-huit personnes ont été tuées par ces tirs. Vingt-cinq ont péri dans l’effondrement d’un immeuble à Our, dans le nord de Bagdad, et les autres sont mortes dans la capitale et ses environs. Les violences ont également fait 110 blessés à travers l’Irak.

«C’est notre destin. Nous Irakiens, ne connaissons pas notre avenir mais pour nous aujourd’hui les bombes sont des vétilles», assure la professeur d’anglais Arabiya al-Samarraï, 46 ans, présente avec ses deux enfants dans un bureau de vote à Mansour, à Bagdad. «Votez contre Al-Qaïda! Ils nous ont terrorisés pendant plusieurs années. Maintenant, il faut les chasser car ils font du tort au pays», a lancé dans un bureau de vote Kamal Fawaz, un électeur de Fallouja, ancien fief de l’insurrection.

Environ 19 millions d’électeurs étaient appelés aux urnes pour désigner les 325 députés pour un mandat de quatre ans durant lequel 96.000 soldats américains quitteront définitivement l’Irak. Plusieurs centaines de milliers de militaires et policiers protégeaient les 46.000 bureaux de vote.

Ces législatives devaient consacrer l’hégémonie politique des chiites, qui représentent près de 60% de la population et le retour sur la scène politique des sunnites, qui ont perdu en 2003 la direction de l’Etat qu’il détenait depuis sa création en 1920.

(Source AFP)

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