Vidéo Documents vidéos 24/02/2010 à 16h17

La vidéo de l'attaque de l'université de Téhéran

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La BBC a obtenu une vidéo de l'assaut de l'université de Téhéran par la police iranienne en juin 2009. Un déchaînement de violence qui aurait fait au moins cinq morts.

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Par LIBÉRATION.FR

Des corps empilés, des visages en sang, des personnes frappées à coups de bâtons. C'est une vidéo accablante pour le régime iranien qui a été diffusée mardi par la chaîne BBC Persian. Elle montre l'assaut des dortoirs de l'université de Téhéran par les forces de sécurité du régime le 14 juin 2009, soit deux jours après la réélection contestée de Mahmoud Ahmadinejad.

En tout, près de 300 hommes, soutenus par des bassidjis - des miliciens islamiques - investissent l'université, haut lieu de l'opposition étudiante. Et ce malgré l'interdiction qui est en principe faite aux forces de l'ordre de pénétrer dans la faculté, depuis la mobilisation de 1999.

La vidéo, dont la BBC diffuse une version montée de plus de 7 minutes, n'est pas un document amateur. Il s'agit d'images filmées par un membre des forces de l'ordre, qui se déplace sans peine au milieu des policiers. La façon dont ces images sont parvenues aux mains de journalistes, 8 mois après les faits, n'est pas précisée. Pour la BBC, il pourrait s'agir d'une fuite d'un sympathisant de l'opposition, souhaitant témoigner sur les exactions commises le 14 juin dernier.

A l'époque, plusieurs témoignages circulent sur l'attitude des policiers ce jour-là (le Guardian relate insultes, coups et agressions sexuelles et évoque le chiffre de 5 morts et de plus de 100 arrestations), mais aucune image ne vient corroborer ces déclarations. Comme le note le journal britannique, «pendant des mois, les autorités iraniennes ont nié toute incursion sur le campus. Puis, le Guide Ali Khamenei a affirmé que des personnes inconnues - ni des bassidjis, ni la police anti-émeutes - avaient attaqué les étudiants sur le campus». Une enquête diligentée par Ali Larijani, président du Parlement, ne donne rien.

Les miliciens bassidjis supplient de cesser le massacre

Les images, elles, sont accablantes. On y voit des brasiers allumés, les tirs de gaz lacrymogènes par les policiers, puis comment la situation se détériore. Après de longues heures d'attente, les policiers parviennent à pénétrer dans l'enceinte de l'université et entreprennent alors d'en déloger les étudiants. Jusqu'à l'insoutenable, avec l'image de cet homme, face contre terre, et ce mince filet de sang qui coule sur le sol.

Sur son blog, Armine Arefi procède au décryptage minutieux des images et des sons de la vidéo. «Symbole de cette attaque, la violence des forces spéciales est telle que ce sont les miliciens bassidjis qui vont les supplier de cesser le massacre (5:06): "Ne le frappe pas, cela lui suffit ! Ne frappez pas ! Que personne ne frappe plus maintenant ! Messieurs, sur la vie de l'Imam Hossein...". Jusqu'ici, les bassidjis, milice paramilitaire composée de jeunes volontaires rémunérés des quartiers populaires, notamment ceux en civil, étaient considérés comme les forces de sécurité les plus violentes et désignés comme les principaux responsables de la mort des manifestants de l'opposition, ce qui n'était pas le cas de la police. Celle-ci est désormais présentée sous un tout autre visage.»

Quant au responsable de ce déchaînement de violence, il semble s'agir, selon le Guardian, d'«Azizollah Rajabzadeh, l'ancien commandant de la police de Téhéran, [qui] est nommé dans la vidéo (par le caméraman) comme la personne derrière l'attaque du campus». Un homme qui, depuis, a quitté son poste pour rejoindre la mairie de Téhéran. A noter qu'une version longue de la vidéo (18 minutes) est visible à cette adresse.

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