Politiques 01/02/2010 à 08h39 (mise à jour à 11h36)

Fabius juge les propos de Frêche «évidemment antisémites»

Visé par une remarque du président de Languedoc-Roussillon, l'ex-Premier ministre récuse «un différend individuel» mais en fait «une question de principe». Robert Badinter, lui, prône «au minimum, l'abstention» en cas de second tour Frêche-UMP.

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L'ancien Premier ministre Laurent Fabius, le 29 août 2009 à La Rochelle (AFP Xavier Leoty)

Loin de se laisser amadouer par la «lettre personnelle d’explication» - et non d’excuses - que lui a adressé le sulfureux président de Languedoc-Roussillon, Laurent Fabius a estimé, ce lundi matin sur RTL, que les propos tenus, la semaine dernière, à son égard par Georges Frêche - «qui n’en est pas à son premier dérapage», glisse-t-il - avaient «évidemment un caractère antisémite».

Resté très discret jusqu’alors sur la nouvelle polémique Frêche, Laurent Fabius a confié n’avoir «pas bien» réagi alors que Frêche lui avait trouvé une «tronche pas catholique». «Je suis resté très sobre dans mes commentaires jusqu’ici parce que ce n’est pas du tout un différend individuel, c’est une question de principe», a expliqué le député de Seine-Maritime, qui n’envisage pas de porter plainte.

«Ca ne vient pas de n’importe qui»

«Ca ne vient pas de n’importe qui, poursuit Laurent Fabius, ça vient de quelqu’un de très cultivé, qui a des responsabilités importantes et qui n’en est pas à son premier dérapage», après les propos de Georges Frêche sur les joueurs noirs de l’équipe de France de football ou les harkis.

Touché par les «nombreuses personnes qui (lui) ont exprimé leur soutien», au PS comme à droite - en particulier un coup de fil de Jean-Pierre Raffarin (UMP) -, Fabius n’a pas voulu se prononcer sur un éventuel duel Frêche-UMP au second tour des régionales, préférant «ne pas se placer dans cette situation». «En tous cas, moi je ne peux pas cautionner ce genre de propos (...) chacun aura compris», ajoute-t-il.

UMP-Frêche? «Le minimum c’est l’abstention»

Robert Badinter, lui, franchit le pas, affirmant, ce matin sur Europe 1, que dans cette éventualité, «le minimum c’est l’abstention». «C’est évident», Georges Frêche «a tenu des propos indignes, insupportables, je suis placé pour le savoir», tranche l’ancien garde des Sceaux socialiste, juif comme la famille de Fabius. «C’est le racisme, c’est la xénophobie», dénonce encore le sénateur des Hauts-de-Seine.

Alors que le PS a décidé de présenter une liste alternative à Georges Frêche en Languedoc-Roussillon, autour de la maire (PS) de Montpellier, Hélène Mandroux, tout en peinant, pour l’heure, à rassembler la gauche pour la constituer, Fabius rêve en tout cas, pour que«ce choix [Frêche-UMP, ndlr] ne soit pas à faire». Et de justifier la stratégie du PS: «On a reproché au parti socialiste une hésitation sur les principes», mais depuis qu’il a retiré son soutien à Frêche, «ce reproche ne peut plus lui être fait». Selon l’ex-Premier ministre, «Martine Aubry et beaucoup d’autres dirigeants» socialistes ont été «extrêmement clairs».

La première secrétaire du PS avait promis dimanche qu’entre le PS et le président de Languedoc-Roussillon, c’est «fini», jugeant que le seul risque est de «perdre son âme» et donnant rendez-vous à la gauche: «Soyons capables de nous rassembler sur des valeurs de fraternité, de générosité et d’ouverture aux autres», a-t-elle lancé , en donnant le coup d’envoi des régionales, à La Mutualité (Paris).

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