Politiques 02/02/2010 à 15h50

«Quand la statue de Frêche sera tombée, les autres se rangeront derrière le PS»

Interview

Député (PS) de l’Hérault, «anti-Frêche», Kléber Mesquida espère que la décision du parti, ce soir en Bureau national, de monter une liste alternative au président sortant de Languedoc-Roussillon convaincra les autres fédérations de la région de rompre avec Georges Frêche.

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Recueilli par LAURE EQUY

Comment jugez-vous le bras de fer engagé, ces derniers jours, entre Solférino et Georges Frêche, après ses propos sur «la tronche pas catholique» de Laurent Fabius?

J’avais alerté la direction du parti depuis juillet pour empêcher par tous les moyens une candidature, de manière indirecte, de Georges Frêche (le président sortant de la région Languedoc-Roussillon est exclu du PS depuis 2007, ndlr). Moi qui vis dans l’Hérault, je sais que les dérapages de Georges Frêche sont quotidiens, insultants, outranciers, qu’il attaque les personnes. J’approuve donc totalement l’attitude du parti socialiste aujourd’hui. Mieux vaut tard que jamais. Si le parti tranche dans le vif, comme Martine Aubry l’a annoncé, ce comportement sera reconnu comme courageux et donnera de la crédibilité à la campagne au niveau national.

La plupart des responsables socialistes locaux sont acquis à Georges Frêche. Pensez-vous vraiment qu’ils vont prendre leurs distances avec lui?

Les autres départements ne peuvent pas se déjuger aujourd’hui mais s’en remettront à la décision du Bureau national une fois que celui-ci aura tranché. J’ai saisi les membres du BN pour leur demander des mesures fortes à l’encontre de ceux qui persisteraient à rester chez Georges Frêche. Il a des moyens de pression, de chantage et certains ont peur. Mais quand sa statue, qui est déjà déboulonnée, sera tombée, les autres se rangeront derrière le national. Le seul problème a résoudre est celui de la liste de l’Hérault.

Vous demandez la mise sous tutelle de la fédération de l’Hérault...

Oui. Quand une fédération dysfonctionne à ce point, quand elle est montrée du doigt pour son opacité, et si l’on veut une véritable opération de salubrité politique, il faut en passer par là.

Des parlementaires, dirigeants de fédérations de la région et co-listiers de Frêche ont reproché à Martine Aubry ses positions «anti-démocratiques» et réclament le respect du choix des militants. Que leur répondez-vous?

Il y a eu un vote des militants mais selon nos statuts, ce vote est indicatif et c’est toujours le national qui, finalement, accorde l’investiture. Quand on regarde la participation, Georges Frêche n’a été élu que par 35% des inscrits. Et à la convention nationale de Tours (mi-décembre, ndlr), les listes ont été validées, les têtes de listes ont été appelées une par une pour monter à la tribune, sauf pour le Languedoc-Roussillon.

Martine Aubry a appelé la gauche à se rassembler en Languedoc-Roussillon. Mais la numéro un des Verts, Cécile Duflot, juge «invraisemblable» de devoir s’incliner devant «le changement de pied» socialiste. Pourquoi ne pas plutôt se rallier à la liste Europe Ecologie?

Nos partenaires de gauche considèrent, chacun de leur côté, qu’ils ont toutes les chances d’arriver en tête. Nous pensons que ce n’est pas le cas. Chacun essaie, pour le moment, d’en tirer avantage. Mais les choses vont s’éclaircir, ce soir, avec le positionnement du parti socialiste. Je mise sur le courage de la direction pour faire en sorte que Georges Frêche ne soit pas en mesure de se présenter. Ainsi, le problème ne se posera pas. Et jusqu’à la veille du dépôt des listes, tout est ouvert.

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