Politiques 22/02/2010 à 15h37 (mise à jour à 19h05)

Régionales en Ile-de-France: pourquoi sont-ils si méchants ?

L'accusation portée, ce week-end, par les élus UMP du Val-d'Oise contre le candidat PS Ali Soumaré, taxé de «délinquant multirécidiviste chevronné», est le dernier coup bas d'une campagne dès le départ très virulente, où toutes les attaques sont permises.

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LAURE EQUY

Chaude ambiance en Ile-de-France. Accrochages verbaux – Jean-Paul Huchon, déjà taxé de «fossoyeur de la région» par Patrick Karam, s’est vu traité dimanche, toujours par le deuxième de la liste UMP à Paris, d’«homme politique dans tout ce qu’il a de détestable» –, récupération, zizanies, sorties de route en tous genres, la campagne dans la région capitale a des airs de combat de boxe. Et les accusations portées, vendredi, par l’UMP du Val d’Oise sur le passé judiciaire de la tête de liste (PS) du département, Ali Soumaré, ne sont pas, loin de là, pour apaiser le climat entre les camps Pécresse et Huchon.

Les deux rivaux se sont d’ailleurs empoignés hier soir, sur France 3, le socialiste dénonçant une «campagne de caniveau [...]: populisme, racisme, démagogie». Au point de susciter aussi cet aveu de la secrétaire d’Etat, Chantal Jouanno, candidate UMP à Paris, sur Radio J: «Cette campagne, je ne l’aime pas beaucoup depuis le début.»


Debat Régionales IDF FR3 dimanche 22 février

Libération.fr a listé quelques-uns de ces mots plus hauts que les autres qui ont fait la campagne francilienne.

«Fatiguée»

une photo de la chef de file UMP en Ile-de-France qui semble s’assoupir et l’accompagne d’un commentaire «chipie»: «VPecresse tres tres fatiguee pdt le vote du budget a la region... Je lui souhaite de bonnes vacances a l’Ile Maurice». Toujours sur Twitter, la tête de liste (PS) à Paris s’amuse de voir «R Karoutchi» réveiller sa collègue.

L’UMP pousse les hauts cris. Piquée, Pécresse s’indigne dans le Parisien de «l’agressivité de M. Huchon et [des] gamineries de Mme Hidalgo», dénonce «des photos truquées et des injures». Promet qu’elle envoyait juste un message sous son bureau.

Si la polémique s’est portée sur la photo de la candidate UMP, l’équipe de campagne de Huchon a aussi, sur son compte Twitter (Huchon2010), publié d’autres vacheries – reprises par Hidalgo: «L’assemblée salue le discours scandant "Karoutchi candidat". Le pauvre est obligé de donner laccolade à Pécresse pr rassurer». Ou: «Petit événemt aujourd’hui: #FredericLefebvre ns a fait l’honneur de sa présence, la 2e fois en 6 ans!»

«Agressivité»

(Crédit photo:Thomas Samson/Reuters)

Mais Hidalgo n’en a pas qu’après la ministre-candidate. Début janvier, c’est aux Verts qu’elle s’en prend, se plaignant de «leur agressivité obsessionnelle à l’égard du PS». Et de leur conseiller de «s’occuper de la droite». Dans le camp écolo, on s’étouffe: «Elle nous tape sur la gueule!», s’énerve-t-on auprès de Libération. Jean-Vincent Placé, numéro 2 des Verts, accuse la socialiste de «perdre son sang froid». Entre socialistes et écologistes, si l’on se rabibochera entre les deux tours, le ton monte lentement. Dans une interview au Figaro, Duflot appelle à passer la première jugeant que pour la région, «le statu quo n’est plus possible».

Début février, les Verts rendront la pareille à Hidalgo. Comme l’UMP, ils l'accusent, en marge du Conseil de Paris, de «mélange des genres» entre sa candidature et ses fonctions de première adjointe à Paris. Laquelle dément utiliser des moyens de la Ville pour sa campagne.

«Sénescence»

Connu pour sa truculence, André Santini, tête de liste NC des Hauts-de-Seine réserve, le 21 janvier, l’une de ses saillies à Huchon. «Le problème de notre pauvre Huchon, bon bah, c’est sa sénescence», lâche le colistier de Pécresse: «il ne mobilise pas les troupes, les Verts au premier virage ont dit ”excusez-nous on descend-là, on préfère dans le train-western sauter avant le déraillement”.» Du coup, la porte-parole de campagne de Huchon, Marie-Pierre de La Gontrie, trouve que Santini, aussi vieillit: «Autrefois [il] était drôle. Aujourd’hui il est vulgaire. Le sarkozysme déteint.»

«Vulgarité»

Huchon avait déjà chargé sur ce registre. Le 10 janvier (Radio J), il déplore la «vulgarité» du sarkozysme comme la «campagne caniveau» de Pécresse. Sur cette «campagne dure» en Ile-de-France, le sortant a son explication: «C’est un grand enjeu. L’IDF est la prise donc ils rêvent tous.»

Avec sa rivale UMP, c’est peu de dire que le courant passe mal. Coups de boutoir de l’équipe Pécresse sur les transports, la sécurité des lycées, son bilan, Huchon ne cache pas son exaspération. Il ira jusqu’à regretter... le perdant de la primaire UMP, Roger Karoutchi, un «adversaire courtois» qui «au moins, s’intéresse à la région». Tacle en creux contre «celle qui a gagné» la primaire et «ne connaît rien à la région»...

PSG

En meeting dans sa commune de Franconville (Val d’Oise), le maire UMP Francis Delattre dégaine une grosse vanne qui tâche à propos de son rival PS du département, Ali Soumaré: «Au début, j’ai cru que c’était un joueur de l’équipe réserve du PSG. Mais en réalité, il est premier secrétaire de la section de Villiers-le-Bel. Ça change tout!» L’intéressé blâme des propos «stigmatisants» et la «grille de lecture» du maire UMP: «Un mec de banlieue ne peut être qu’un footballeur». Il est soutenu par Martine Aubry, qui juge son détracteur «pas digne d’être un élu de la République». Avant de revenir, bien malgré lui, sous les feux de l’actualité, ce week-end.

(Crédit photo: AFP/Jacques Demarthon)

«Délinquant mutltirécividiste»

«délinquant multirécidiviste chevronné». «Documents très précis» à l’appui, promet Frédéric Lefebvre, porte-parole de l’UMP. A trois semaines du premier tour, François Hollande parle d’un «climat détestable», «nauséabond» selon Benoît Hamon qui dit Soumaré victime d’une «campagne politique». Ce dernier va déposer une plainte en diffamation.

(Crédit photo: AFP/François Guillot)

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