Politiques 12/03/2010 à 01h06 (mise à jour à 01h38)

Aubry à Huchon: «Jean-Paul, au fond, c’est l’anti-Sarkozy»

reportage

Requinqués par des sondages favorables, les socialistes, en meeting au Cirque d'hiver (Paris), jeudi soir, ont attaqué de front la politique du Président et espèrent «un score extrêmement élevé», dimanche, en vue du rassemblement à gauche.

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LAURE EQUY

Martine Aubry et le président sortant en Ile-de-France, Jean-Paul-Huchon, candidat à sa réélection, jeudi soir en meeting au Cirque d'Hiver à Paris. (Jacky Naegelen / Reuters)

C’est Nicolas Sarkozy qu’ils veulent défier. Le vent des bons sondages dans le dos, les socialistes réunis, jeudi soir, pour leur meeting de fin de campagne, au Cirque d’hiver (Paris) – passé en 24 heures du vert d’Europe Ecologie au rose -, ont égratigné directement la politique du président de la République. Le maire de Paris, Bertrand Delanoë, son adjointe et tête de liste (PS), Anne Hidalgo, le président de la région Ile-de-France, Jean-Paul Huchon, et Martine Aubry se sont succédé pour jouer les régions «remparts» et «boucliers» contre la droite qui «divise, discrimine» - accuse Delanoë - et les sortants et leur bilan contre une flopée de ministres envoyés au front électoral. «La droite a proposé des listes aux couleurs du gouvernement, nous avons proposé des listes aux couleurs de l’Ile-de-France», s’enorgueillit Huchon.

Dans le Cirque d’hiver bondé, on mesure l’euphorie des militants - plus de 1800 - à l’agitation, aux balcons, des grands drapeaux rouges et blancs et des pancartes «La gauche avec Huchon». Les têtes de liste franciliennes font une entrée de rock star, avant de s’asseoir sagement sur deux rangs en fond de scène. A chaque orateur, standing ovation et re-frétillement des drapeaux. Neuf mois après la raclée des européennes, les socialistes profitent.

(Crédit:Jacky Naegelen/Reuters)

Comme Huchon qui raconte, comme un vieux souvenir, un démarrage de campagne plutôt incertain: «Il y a encore quelques mois, la droite avait fait d’une victoire en Ile-de-France une priorité, certains pensaient ravir la région comme un trophée.» Pris pour cible par Nicolas Sarkozy, le président de région ironise sur tant de considération, aussi de la part du patron de l’UMP, Xavier Bertrand: «C’est me faire beaucoup d’honneur que de parler du bilan d’un malheureux président de région.»

«Local de campagne de Pécresse à l’Elysée»

Il raille cette «débauche de moyens gouvernementaux» à la reconquête de la région qu’il dirige depuis 1998. Le quatuor féminin de ministres, censé le ringardiser, est à la peine? Voilà que Sarkozy «se comporte en directeur de campagne de Mme Pécresse», balance Huchon, qui dépeint sa rivale en doublure-lumière du Président missionnée pour vendre le Grand Paris, «porté à bout de bras par Nicolas Sarkozy». «Le local de campagne de Valérie Pécresse, Sarkozy l’a mis à l’Elysée», renchérit Martine Aubry. Allusion à la réunion tenue, la semaine dernière, avec le président de la République, la chef de file de l’UMP en Ile-de-France et ses têtes de liste, pour faire taire les divisions.

La dirigeante socialiste vante le profil de son champion francilien: «Jean-Paul, au fond, c’est l’anti-Sarkozy.» Lancée dans un discours fleuve, elle éreinte l’action du chef de l’Etat, ironisant sur ses volte-face, ses coups de sang, ses déplacements sous escorte. Tout y passe des «cadeaux aux plus favorisés» à «l’ignoble débat sur l’identité nationale» ou à sa venue, samedi, au Salon de l’agriculture: «Je vous rassure, il n’a pas eu besoin d’être accompagné de CRS, les agriculteurs étaient déjà rentrés!»

Face à une droite en quête d’un nouveau souffle, la campagne régionale n’a pas pour autant été un parcours de santé. Polémiques, dérapages, chicanes sur Twitter, bricolage d’antécédents judiciaires, etc. «Pourquoi une telle violence de l’UMP à l’égard des socialistes?», s’interroge Bertrand Delanoë, «on nous traite de "délinquant multirécidiviste", de Français pas assez "corps traditionnel"». Symbole de cette campagne au-dessous de la ceinture: la tête de liste du Val-d’Oise, Ali Soumaré. «On a voulu le briser, comme symbole de la jeunesse», accuse Huchon. «Nous, on est fiers de t’avoir avec nous», lui lance Aubry.

«Et la neige, c’est les 35 heures?»

Celle-ci moque un parti sarkozyste qui ressort ses basiques: insécurité et 35 heures. «Qu’est-ce qui est responsable de tout ce qui va mal dans ce pays? Les 35 heures! Faut pas avoir peur du grotesque. Et la neige à Perpignan, et l’équipe de France de foot? C’est les 35 heures aussi?»

Mais dans les dernières heures de campagne, les socialistes s’autorisent à savourer leur avance. «La victoire est à portée de main», s’emballe Huchon, qu’Aubry salue en «ancien et nouveau président de la région». Dans le risque d’une faible participation, chacun veut remobiliser en nationalisant les enjeux. «Ceux qui veulent envoyer un signal fort au gouvernement, on les comprend, on ne va pas les décourager», euphémise Anne Hidalgo. «Si vous vous abstenez, Sarkozy, lui ne s'abstiendra pas», prévient Aubry.

La première secrétaire se fixe l’objectif d’un «score extrêmement élevé» dès le premier tour, dimanche: «pour entraîner derrière nous le rassemblement de la gauche». Reste à convaincre Europe Ecologie qui, la veille dans la même salle, a mis en garde contre toute «tentation hégémonique» et refusé de jouer «les idiots utiles» du PS. Huchon, lui, veut croire à «des retrouvailles naturelles et [à] une unité qui ne sera pas de façade.»

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