Monde 11/06/2010 à 09h36 (mise à jour à 17h07)

Le sud du Kirghizistan en proie à de nouvelles violences

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A Och le 13 mai 2010 (REUTERS/Alexei Osokin)

Le gouvernement provisoire du Kirghizistan a décrété vendredi l'état d'urgence et un couvre-feu à Och, à la suite de nouvelles violences qui ont fait au moins 37 morts et près de 500 blessés dans cette ville du sud, bastion du président déchu Kourmanbek Bakiev.

«Trente-sept personnes sont mortes», a déclaré un porte-parole du ministère de la Santé de ce pays pauvre d'Asie centrale. Plus de 500 personnes ont été blessées dans ces violences interethniques à Och, deuxième ville du pays, et les districts avoisinants.

Un précédent bilan faisait état de 28 morts et quelque 400 blessés.

Six semaines après le soulèvement populaire qui a fait 87 morts à Bichkek, la capitale, et renversé le régime de Kourmanbek Bakiev, ces tensions mettent en exergue les difficultés des autorités provisoires à rétablir l'ordre.

Base cruciale pour les Etats-Unis et la Russie

La stabilité du Kirghizstan est cruciale pour les Etats-Unis et la Russie qui y disposent de bases militaires. Des affrontements et des échanges de tirs entre des groupes de jeunes se sont produits dans la nuit de jeudi à vendredi à Och et dans les districts voisins de Karassou, d'Aravan et d'Ouzgen.

Selon des témoins, ces violences ont pour origine une bagarre opposant des Kirghiz et des Ouzbeks. Près d'un millier de jeunes, armés de bâtons et de pierres, se sont rassemblés jeudi soir dans le centre d'Och, brisant des vitrines de magasins et des fenêtres d'immeubles résidentiels, et brûlant des voitures.

La situation a dégénéré dans le Sud il y a près de deux mois lorsque le chef d'un parti ouzbek du Kirghizstan, Kadyrjan Batyrov, a été accusé par les partisans du président déchu d'avoir fait incendier la maison de la famille de Kourmanbek Bakiev à Teiït, suscitant la colère des Kirghiz dans ce fief de l'ex-chef de l'Etat.

Depuis l'indépendance du Kirghizstan en 1991, après le démembrement de l'URSS, les tensions entre minorités ethniques ont émaillé la vie de ce pays voisin de l'Ouzbékistan et se sont ajoutées à des difficultés économiques persistantes.

Etat d'urgence jusqu'au 20 juin

La fin de la période soviétique avait déjà été marquée par des tensions ethniques dans le Sud entre les Kirghiz et la minorité ouzbek du Kirghizstan. L'état d'urgence décrété vendredi à Och et dans les districts concernés sera en vigueur jusqu'au 20 juin, ont indiqués les autorités.

«En dépit de l'instauration d'un couvre-feu, les échanges de tirs se poursuivent, les policiers découvrent toujours de nouveaux corps», a déclaré à la radio nationale un responsable du gouvernement provisoire, Azimbek Beknazarov, qui s'est rendu sur les lieux des affrontements.

Selon les pompiers locaux, plusieurs incendies se sont déclarés à Och, deuxième ville du pays. Un théâtre, une pharmacie, deux cafés et un hôtel dans le centre-ville étaient en flammes. Selon le ministère de l'Intérieur, cinq personnes soupçonnés d'avoir organisé ces violences ont été arrêtées.

Otounbaïeva à l'intérim

Ces événements interviennent environ deux semaines avant le référendum sur la Constitution kirghize prévu le 27 juin. Le même jour, les Kirghiz doivent se prononcer sur la nomination à la tête du pays de Rosa Otounbaïeva, qui dirige actuellement le gouvernement intérimaire mis en place par l'opposition après la fuite de Kourmanbek Bakiev.

Le 19 mai, le gouvernement provisoire a annulé l'élection présidentielle prévue à l'automne et confié la fonction de président à Rosa Otounbaïeva jusqu'à fin 2011.

(Source AFP)

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