Terre 27/02/2010 à 00h00

Travail

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Par Laurent Joffrin

Erreur de citadin, erreur de Neuilléen : en évoquant, dans son dernier discours sur l’agriculture, la phrase écrite en 1940 par Emmanuel Berl pour le maréchal Pétain : «La terre, elle, ne ment pas», Nicolas Sarkozy a rendu un bien mauvais service à la cause paysanne.

Ce cliché réactionnaire renvoie le monde paysan à un passé immobile et dévalorisant. Il est vrai qu’on en trouve aussi les traces dans la culture progressiste et bobo, qui range les agriculteurs dans la catégorie des métiers passéistes au parfum plus ou moins vichyste. Or, les paysans ont depuis longtemps réfuté ces préjugés. Les progrès de l’agriculture ont été si spectaculaires que les paysans nourrissent aujourd’hui la France entière avec seulement 4% de la population active du pays. Les innovations techniques, la formation, l’imagination commerciale et la sensibilité écologique ont transformé le travail des campagnes. Entrepreneurs de pointe, les paysans français vivent de plain-pied dans la mondialisation et l’Europe. Ils en éprouvent aussi les cruautés. Quelle profession pourrait subir avec autant de constance un nivellement de 30% de ses revenus d’une année sur l’autre ? Pour cette raison, ils ne sauraient être abandonnés.

La politique agricole commune doit être aménagée en leur faveur. Leurs efforts d’investissement doivent être secondés. Ils se sont beaucoup aidés eux-mêmes ; ils méritent d’être aidés par les autres.

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