Culture 26/02/2010 à 00h00
«Les gens consomment la musique comme du fast-food»
Interview
Guy Schraenen, collectionneur de galettes grincheux qui prête une partie de son fonds pour l’exposition :
Al’heure de la dématérialisation généralisée, le microsillon semble une relique bonne à émouvoir quelques trentenaires fétichistes et nostalgiques. Pourtant, tandis que le CD se meurt, le vinyle tire son épingle du jeu : 30% de ventes en plus en 2009 sur le marché américain, annonce l’institut Nielsen SoundScan.
Une embellie déjà constatée en Europe (voir Libération du 22 mai 2008), que certains expliquent par une réaction face aux produits désincarnés, un attachement à l’objet physique, à la qualité audio, au soin apporté à la pochette. «Une mode passagère», balaie Guy Schraenen, qui juge cet engouement «anachronique».
Le collectionneur revêche, né à Londres, passionné par les multiples publications d’artistes, a rassemblé près de 13 000 disques, complétés par des revues, CD, K7 et objets sonores. Tout de beige vêtu, une pipe à la main, il présente actuellement «Vinyl», à la Maison rouge.
Comment expliquez-vous cet engouement des artistes pour le vinyle ?
Ce format est exceptionnel, les artistes l’ont tous aimé et se sont parfaitement glissés dans ce 30x30, que ce soit des artistes conceptuels, d’avant-garde ou pop, Fluxus, Lettristes, ou poètes sonores. Ce qui m’intéresse avant tout, c’est le rapport entre la création de la pochette et le contenu du disque : la plupart du temps, c’est le même artiste qui a créé les deux. La pochette est devenue le support de créations visuelles directement reliées au son. Ce rapport entre son et image parlait à l’imaginaire et a permis une explosion d’inventions.
Pourquoi vous êtes-vous intéressé à ce type de publications ?
J’ai commencé ma collection dans les années 50, au moment où émergeait l’art multimédia, le mélange entre performances, actions sonores, installations, happenings, œuvres vidéo. Des créations qui se situaient au croisement de différentes pratiques artistiques. Les artistes utilisaient tous plus ou moins le son comme médium. Le magnétophone leur permettait d’enregistrer tout seul, et le vinyle servait de moyen de diffusion. La plupart de leurs pièces étaient réalisées pour être enregistrées et publiées.
Pourquoi arrêter la collection en 1980 ?
L’imagerie après 1980 ne m’intéressait plus. Dans les années 50, 60, il y avait cette utopie qu’on allait démocratiser l’art. La plupart des disques étaient pressés à 500 exemplaires par de petites maisons d’édition ou parfois par les artistes eux-mêmes, qui voulaient permettre l’accès à leurs œuvres. Dans les années 80, ce monde s’est effondré. Récupéré par le système, l’art est devenu commercial. Aujourd’hui, la Fnac vend des vinyles parce que c’est de nouveau à la mode, mais 80% des vinyles de cette collection n’ont jamais été vendus dans ses rayons.
Le vinyle connaît un regain d’intérêt…
Pendant un moment, il n’était presque plus fabriqué. Relancé avec la vogue des DJ qui scratchaient, les artistes ont commencé à le réemployer. Mais ce n’est qu’une mode, ça va durer cinq ans. Les gens consomment la musique comme du fast-food. Mes petits enfants écoutent leur «tripod» ou je ne sais quoi. Le problème de ces machines et de l’immatériel, c’est qu’ils ne pourront pas retrouver ce qu’ils écoutaient quand ils étaient jeunes, peut-être qu’ils ne pourront même plus lire cette musique. Moi, quand je vois ces pochettes accumulées au fil des ans, je revois mes souvenirs. Il n’y aura aucune mémoire.
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