Économie 06/03/2010 à 09h14 (mise à jour à 14h04)

Au Salon, Sarkozy tente d'apaiser les agriculteurs

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Par GUILLAUME LAUNAY Au Salon de l'agriculture

Le président Nicolas Sarkozy au salon de l'agriculture le 6 mars 2010 (AFP Remy de la Mauviniere)

Résultat mitigé au «test de l'escalator» lors de la visite de Nicolas Sarkozy au Salon de l'agriculture. Sur l'escalier mécanique qui relie le hall 1 au hall 2 où la veille, Jacques Chirac avait reçu une ovation, le Président a été accompagné ce matin par un mélange d'applaudissements et de huées. A l'image d'une visite très attendue et qui n'a finalement déclenché ni mouvement d'hostilité, ni enthousiasme démesuré dans les allées du Salon.

Critiqué pour avoir séché l'inauguration le week-end dernier, Nicolas Sarkozy, accompagné de Bruno Le Maire (ministre de l'Agriculture) et Michel Mercier (Espace rural), a pris le temps d'écouter, notamment les éleveurs, pour une visite qui aura duré plus de deux heures, entouré d'un service d'ordre impressionnant. Le chef de l'Etat est même arrivé en avance, à 8h30, se réservant ainsi une demi-heure de visite dans le calme, avant l'arrivée des visiteurs.

Libé ? «Vous devriez moins lire ça»

Au stand du Centre d'information sur la viande, le Président a été interpellé par un éleveur représentant la fédération nationale bovine à propos de la une de Libération «Mort aux vaches» de ce matin, qui fait état du débat sur l'impact de la viande sur l'environnement: «Vous devez soutenir plus votre ministre de l'Agriculture et moins votre ministre de l'Environnement». «Vous devriez moins lire ça », a rétorqué le chef de l'Etat, en désignant le journal. «Il y a de moins en moins de gens qui le lisent. Vous avez plus de clients qu'eux», a-t-on saisi de la réponse présidentielle.

A la suite de la visite, Nicolas Sarkozy recevait lors d'une table ronde les représentants agricoles. Dans son propos introductif, il a notamment annoncé un renforcement des mesures d'urgence envers les agriculteurs. 800 millions de prêts de trésorerie viendront compléter le milliard d'euros annoncé précédemment. Et 50 millions s'ajoutent aux 100 millions déjà prévus pour la prise en charge des intérêts d'emprunt. Il a également annoncé la prochaine suppression «de la totalité des charges patronales sur les saisonniers».

Groupe de travail entre Ecologie et Agriculture

Tout en affirmant «croire à une agriculture durable», il a aussi annoncé un «changement de méthode dans la mise en oeuvre de mesures environnementales en agriculture», allant ainsi dans le sens du ministre de l'Agriculture Bruno Le Maire, qui entend reprendre la main sur le dossier «écologie». Un premier groupe de travail entre les ministères de l'Ecologie et de l'Agriculture doit se tenir la semaine prochaine.

«C'est une démarche que nous attendions depuis longtemps», a commenté Jean-Michel Lemétayer, le président de la FNSEA, tandis que Philippe Collin, de la Confédération paysanne s'est inquiété d'une remise en cause du Grenelle de l'environnement: «Si vous l'abandonnez, plus personne ne comprendra rien.»

Par ailleurs, interrogé sur «la taxe carbone», Nicolas Sarkozy a tenté aussi de rassurer les agriculteurs: «on va prendre tout le temps nécessaire pour ne pas faire de bêtise». Après une heure et demie d'échanges avec des représentants de la FNSEA, de la Confédération paysanne, de la Coordination rurale, mais aussi du Crédit Agricole et de l'Association des industries alimentaires, le Président a proposé que ce type de «rendez-vous» se renouvelle trois fois dans l'année, pour évoquer les dossiers en cours.

«Que le monde de l'agriculture le sache, ma détermination est totale, a conclu Nicolas Sarkozy. J'espère que vous avez compris combien j'étais heureux d'être avec vous et combien je partage les soucis qui sont les votres.» Il aura passé quatre heures au Salon.

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