Très généreux lobbys californiens...

Aux Etats-Unis, chacun sait que les lobbys n'y vont pas de main morte pour influencer la loi. On sait désormais qu'en Californie, ou un minimum de transparence est de rigueur, ils ont deboursé plus de 929 000 dollars à cet effet l'année dernière, comme en témoignent des documents officiels. La Commission pour des pratiques politiques justes est un organisme de veille indépendant, crée en 1974, qui requiert en effet que les élus déclarent les petits (ou gros) cadeaux qu'ils recoivent.

Sans surprise, en 2009, le gouverneur de l'Etat, Arnold Schwarzenegger, a été le plus gâté. Voyages, cigares, vins et spiritueux, vestes, livres et autres figurines provenant d'une entreprise de jouets japonaise... le butin s'élève a 585 000 dollars. La plus grande partie de cette somme concerne des voyages payés par une fondation à but non lucratif pour représenter la Californie en Allemagne, au Danemark, en Israël ou encore en Irak. Mais même dans ce cas, le conflit d'intérêts existe de manière indirecte: de grandes firmes comme United Airlines, Pacific Gas and Electric et le pétrolier ConocoPhillips versent de l'argent à cette fondation.

Un porte-parole conteste tout abus en disant qu'il s'agit pour le gouverneur «d'une occasion d'économiser l'argent des contribuables». A un moment où la situation fiscale est incontrôlable, une telle source de liquidités se consomme sans modération.

De leur côté, les élus du Parlement de Sacramento ont déclaré 344 000 dollars de cadeaux. Le record (16 000 dollars) est détenu par un sénateur d'Inglewood, un quartier pauvre de Los Angeles, qui a bénéficié de voyages en Chine et à Hong Kong payés par un lobby écologiste, d'un voyage en Israël payé par un groupe de pression juif, de tickets pour des matchs de basket-ball, avec casse-croute et parking inclus...

Dans le genre douteux, un autre sénateur, président du comité banque/finance/assurances du Sénat, a fait état de 5 400 dollars en cadeaux, dont 1000 venant, precisément, de l'association des compagnies d'assurance californienne.

Ces gestes amicaux ne sont pas sans effet: ainsi, parmi les lobbys qui donnent le plus, on trouve le controversé syndicat des gardiens de prisons californiennes. Celui-ci parvient ainsi à bloquer toute réforme depuis des années, prônant toujours plus de répression, alors que la surpopulation carcérale de l'Etat inquiète les autorites fédérales et les associations.

Si la pratique est commune, son chiffrage a fait l'effet d'une petite bombe pour les partisans (associations et certains elus) d'une limitation à 10 dollars de cadeaux autorisés par an. «Accepter des cadeaux ne les sert pas dans l'opinion», a dit au Los Angeles Times Kathay Feng, directrice de Common Cause California, une association de défense des citoyens. A noter, même si l'information est à prendre avec des pincettes car basée sur du déclaratif, que trois élus n'ont signalé aucun cadeau.