Société 17/02/2010 à 19h42

Les profs de Vitry en retenue... de salaire

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M.P

Les profs du lycée Adolphe-Chérioux, à Vitry-sur-Seine, où un élève a été agressé le 2 février, ont eu une mauvaise surprise ce mercredi en reprenant le chemin des cours. Un mot du proviseur dans leur casier: «Je vous informe que les états relatifs à vos absences pour service non fait ont été transmis aux services du rectorat pour retrait de salaires.»

Après l'agression du lycéen dans l'enceinte de l'établissement, les profs, soutenus par les élèves et leurs parents, ont fait valoir leur droit de retrait, exigeant plus de moyens humains pour assurer leur sécurité et celles de leurs élèves.

Le droit de retrait est réglementé par un décret du 9 mai 1995 relatif à l'hygiène et à la sécurité au travail. «Si un agent a un motif raisonnable de penser que sa situation de travail présente un danger grave et imminent pour sa vie ou pour sa santé ou s'il constate une défectuosité dans les systèmes de protection, il en avise immédiatement l'autorité administrative». Etant précisé qu'«aucune sanction, aucune retenue de salaire ne peut être prise à l'encontre d'un agent ou d'un groupe d'agents qui se sont retirés d'une situation de travail dont ils avaient un motif raisonnable de penser qu'elle présentait un danger grave et imminent pour la vie ou la santé de chacun d'eux.»

Interrogé sur RMC hier, Xavier Darcos, prédécesseur de Luc Chatel à l'Education nationale, avait reconnu que ces enseignants n'étaient pas en grève mais «exerçaient leur droit de retrait». Ajoutant au passage: «Mais si chaque fois qu'il y a un incident dans un lycée, tout le monde exerce son droit de retrait, le système scolaire va se paralyser. Luc Chatel a raison de dire qu'on ne peut pas immobiliser l'établissement (...) C'est tout à fait normal que le ministre de l'Education nationale leur demande de reprendre le travail».

Soit. «Quand je pense que ce matin même, sur RTL, Luc Chatel saluait notre sens des responsablités de reprendre les cours, bondit Sabine Contrepois, prof au lycée Adolphe-Chérioux. Et le jour même, ce mot dans notre casier... De la provocation, c'est vraiment fort de café». Son mari, prof d'histoire-géo dans le même établissement : «si l'administration voulait mettre de l'huile sur le feu, elle ne pouvait pas mieux s'y prendre...»

L'équipe enseignante de Vitry réclamait le doublement du nombre de surveillants. Jusqu'ici, 11 pour 1500 élèves, étant entendu qu'ils sont chaque jour entre 8 et 9 à travailler. Après deux semaines de mobilisation, ils ont réussi à obtenir quatre création de postes d'assistants d'éducation.

Remontés comme jamais par «cette nouvelle provocation», ils ont aussitôt alerté médias et syndicats. Et prendront contact dès demain avec un avocat spécialiste du droit du travail «pour engager les démarches nécessaires».

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