Société 18/02/2010 à 15h19

La mère d'Ibrahima alertait la police depuis six mois

Son ancien compagnon, et père du bébé retrouvé grâce au plan Alerte enlèvement, a avoué avoir tué la jeune femme. Son entourage accuse police et justice de ne pas l'avoir écoutée, ce dont se défend le parquet.

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La mère du petit Ibrahima, bébé retrouvé grâce au plan Alerte Enlèvement, a alerté en vain pendant six mois la police et la justice des menaces de mort de son ancien compagnon qui a avoué l’avoir tuée, ont déclaré jeudi ses proches lors d’une conférence de presse.

La police «ne l’a pas assez écoutée (…) Elle se plaignait depuis plus de six mois, elle avait déposé de nombreuses mains courantes au commissariat», a dit Oliveira, la sœur de la victime prénommée Tania. «Elle est allée voir la police avec son portable pour leur montrer les SMS et les messages de menace», a dit Sasa, le frère de Tania.

Le père d’Ibrahima a avoué mercredi avoir tué la mère de l’enfant, son ancienne compagne, dont le corps avait été retrouvé la veille à Fontenay-sous-Bois (Val-de-Marne). Grâce au déclenchement du plan «Alerte Enlèvement», Ibrahima a été retrouvé sain et sauf mardi soir après avoir été enlevé par son père.

La famille accuse la police et la justice de ne pas avoir fait respecter un contrôle judiciaire visant le père d’Ibrahima. Mis en examen dans une affaire de viols en réunion qui date de 2006, ce dernier a été condamné début février à quatre mois de prison avec sursis pour avoir menacé de mort par SMS Tania, dont il était séparé depuis un an avec interdiction d’entrer en contact avec elle.

«Je vais te tuer»

«Il avait l’interdiction de résider dans le Val-de-Marne et pourtant tous les jours il venait devant chez mon père où ma sœur s’était réfugiée pour la menacer», a encore dit le frère de Tania assurant que la police était venue au moins une fois sur les lieux et était repartie sans rien faire.

«Nous demandons au procureur de faire des vérifications sur le contrôle judiciaire. Il faut voir s’il y a eu dysfonctionnement et après on se demandera s’il y a lieu de poursuivre l’Etat», a dit une avocate de la famille, Me Marie-France Fontana.

L’autre avocate de la famille, Me Yasmina Mechoucha Robin, a précisé que l’ex-compagnon employait «des mots très simples: je vais te tuer». La victime «allait même jusqu’à appeler le contrôleur judiciaire pour lui faire part du fait que (son ex-compagnon) ne respectait pas» l’interdiction, qui lui était faite d’entrer en contact avec elle, a-t-elle ajouté. Si elle l’avait été entendue, «peut-être qu’aujourd’hui elle serait encore en vie», a poursuivi l’avocate.

La ministre de la Justice Michèle Alliot-Marie a demandé jeudi au procureur général de Paris une enquête sur le contrôle des mesures de suivi ordonnées envers le père du petit Ibrahima.

Interdiction «respectée»

Le procureur de Créteil, pour sa part, a assuré ce jeudi que le parquet a fait «preuve de réactivité» face aux menaces de mort proférées contre la jeune femme.

Selon lui, le suspect avait été interpellé et placé en garde à vue le 7 janvier, trois jours après le dépôt d’une plainte de la victime pour menaces de mort. Il a ensuite été condamné le 9 février à quatre mois de prison avec sursis assortis d’une interdiction d’entrer en relation avec la victime, a-t-il expliqué. «Cette interdiction a été respectée» jusqu’au jour du meurtre, a précisé Jacques Bosc.

Dans une lettre datée du 21 janvier, la victime âgée de 26 ans avait par ailleurs écrit qu’elle avait recouvré «une certaine liberté» depuis l’interpellation de son ancien conjoint, a poursuivi le procureur.

(Source AFP)

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