Politiques 09/06/2010 à 19h37

Toujours «opposant», Bayrou a vu Sarkozy et s'en explique

Alors que son rendez-vous de mardi à l'Elysée a fuité, le leader du Modem improvise une conférence de presse pour réfuter tout rapprochement avec le Président et se dire «ininstrumentalisable».

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Par LAURE EQUY

Francois Bayrou, à Angoulême, le 7 janvier (Regis Duvignau / Reuters)

Une réforme des retraites en cours de finition sur le bureau d’Eric Woerth. Des déficits publics et une dette toujours plus alarmants. L’Union européenne tourneboulée par la crise grecque. La pluie. C’est dire si François Bayrou n’a pas la tête à s’acoquiner avec un président de la République auquel il s’est si frontalement opposé.

Le président du Modem tenait à le faire savoir ce mercredi. «Il y des manoeuvres de beau temps, quand tout va bien, les hommes d’équipage s’amusent». Mais, oppose-t-il, en cas de gros grain - «et nous vivons la période la plus difficile depuis la guerre» -, ces jeux «tactiques» sont «interdits». Au lendemain d’une rencontre avec Nicolas Sarkozy révélée par lexpress.fr, la mise au point, au cours d’une conférence de presse improvisée dans l’après-midi, n’était pas inutile pour le centriste. Histoire d’éviter «les supputations excessives» sur un éventuel rapprochement avec l’Elysée.

«Je n'ai pas bougé d’un iota»

Mais si Bayrou n’a, comme il le répète, «pas bougé d’un iota», quel sujet l’incite à rencontrer Sarkozy à deux reprises, ces derniers mois - après une entrevue en toute discrétion, le 22 avril -? Fragilisé par les claques électorales du Modem, aux européennes et aux régionales, le centriste a-t-il consenti à arrondir les angles? «Je suis un opposant», campe-t-il. Décidé, pourtant, à glisser à l’oreille du chef de l’Etat, mais aussi de son conseiller social, Raymond Soubie, d’Eric Woerth, ministre du Travail, et de François Fillon, ses propositions sur la réforme des retraites. Si le projet gouvernemental est «juste et raisonnable», il acceptera de le voter.

Mais il pose trois conditions: la «justice» pour les salariés ayant commencé à travailler «à 14, 15, 16 ans» - les «carrières longues» -, la prise en compte de la pénibilité et, surtout, le maintien du «filet de sécurité à 65 ans», âge auquel on peut faire valoir ses droits à la retraite sans décote. S’il n’est pas défavorable à un report progressif de l’àge légal, il compte défendre «solennellement» l’autre borne des 65 ans, qui profite aux «femmes ayant élevé des enfants et repris une vie porfessionnelle, salariés ayant des carrières incomplètes ou ayant travaillé à l’étranger». Voilà l’objet de ces rencontres au sommet qu’il «assume».

Pas un mot sur les visées stratégiques du Président et de l’ex-candidat de 2007, sur un éventuel deal en vue de 2012? Bayrou, la carpe: «J’ai une règle de conduite, le culte de la discrétion sur mes conversations.» Il laisse, au passage, entendre que les fuites sur son rendez-vous viendraient donc du Château. «Je ne suis pas tout à fait né de la dernière pluie. Et même s’il y a opération séduction, cela n’aurait rien à voir avec la gravité des sujets que nous avons à traiter.» D’ailleurs, il confie rencontrer, par ailleurs, «beaucoup de responsables de gauche qui n’en font pas état».

«La condition c’est l’indépendance»

Reste que la main tendue au PS n’est plus d’actualité alors que le leader du Modem - objet, ces derniers temps, de déclarations plutôt aimables des responsables UMP - a délaissé sa stratégie d’opposition frontale? «Vous n’imaginez pas qu’on puisse écrire un livre comme "Abus de pouvoir" (son pamphlet contre Sarkozy, publié au printemps 2009) pour après, sortir sa gomme et en effacer les arrêtes!» A l’heure où le centre cogite plus que jamais sur son avenir (lire notre enquête sur la galaxie centriste), Bayrou promet rêver toujours de recoller les morceaux avec ses anciens amis. «La condition c’est l’indépendance», pose l'«ininstrumentalisable».

Sarkozy est prévenu, qui rencontrera de nouveau Bayrou, le 22 juin. Faux, «si vous voulez y voir des manoeuvres, vous vous mettez le doigt dans l’oeil», coupe le député des Pyrénées-Atlantiques. Rectifiant: le chef de l’Etat doit visiter «la plus grande usine d’hélicoptères du monde», Turbomeca, dont Bayrou n’est pas peu fier. Et il se trouve que cette «cathédrale industrielle» se trouve «juste à côté de [son] village».

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