Monde 14/02/2010 à 16h29

Afghanistan: deuxième jour de l'opération «Mushtarak» marqué par des pertes civiles

Avant l'annonce de la mort de 12 civils tués par des tirs de roquettes, les responsables militaires de l'Otan s'étaient dits satisfaits du déroulé de l'offensive lancée depuis la nuit de vendredi à samedi sur Marjah, bastion taliban du sud.

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Des Marines prennent position à Marjah,dans la province d'Helmand en Afghanistan, samedi. (Goran Tomasevic / Reuters)

Les combattants islamistes n'opposaient, selon des militaires, qu'une résistance «sporadique», ce dimanche, dans le sud de l'Afghanistan, au deuxième jour de l'offensive la plus massive lancée par l'OTAN depuis le renversement du régime taliban en 2001.

Samedi, les forces internationales n'avaient perdu que deux soldats dans l'offensive, un Britannique et un Américain. Dimanche, la force de l'Otan a fait état de la mort d'un autre soldat étranger tué par une bombe artisanale dans le sud. Elle n'a précisé ni la nationalité ni si cette mort était liée à l'offensive lancée depuis la nuit de vendredi à samedi sur Marjah, bastion taliban du sud.

«De nombreux tirs de snipers»

C'est côté civils que l'offensive a été plus meurtrière: selon le président afghan, Hamid Karzaï, dix civils ont été tués par une roquette tombée sur une maison durant l'opération. Il a ordonné une enquête. L'Otan s'est, pour sa part, dite responsable de la mort de 12 civils, deux roquettes ayant manqué leur cible. Il n'a pas été précisé s'il s'agissait du même incident.

«Deux roquettes (...) qui visaient des insurgés tirant sur les forces afghanes et de l'Otan ont explosé aujourd'hui à environ 300 mètres de leur cible, tuant 12 civils dans le district de Nad Ali », où est située Marjah, lit-on dans un communiqué de la force internationale de l'Otan (Isaf), dont le commandant, le général américain, Stanley McChrystal, a présenté ses excuses «pour cet accident malheureux».

Avant l'annonce de victimes civiles, les responsables militaires de l'Otan s'étaient déclarés satisfaits des opérations. Le général américain Larry Nicholson, qui commande les Marines, a jugé «bonnes» les premières 24 heures de l'opération Mushtarak (Ensemble, en dari).

«Nous avons essuyé de nombreux tirs de snipers» et les véhicules de déminage «ont fait détoner beaucoup d'engins explosifs», a-t-il commenté, expliquant que cela ralentissait la progression de ses hommes.

«Pas de résistance cohérente»

L'offensive avance «bien», a également assuré, dimanche, le conseiller à la sécurité nationale du président, Barack Obama, le général James Jones.

L'opération est menée par 15.000 militaires: 4.400 Afghans selon le porte-parole du ministère de la Défense, le général Mohammad Zahir Azimi, le reste étant pour l'essentiel des Américains et des Britanniques et quelques Canadiens, Danois et Estoniens selon l'Otan.

«Nous avons découvert des engins explosifs artisanaux partout», a témoigné à l'AFP le colonel afghan Shirin Shah, de l'armée afghane, depuis le village de Haji Qari Saheb, près de Marjah. Les responsables militaires de l'Otan et les généraux britanniques sont, à leur tour, «très satisfaits» du déroulement de l'opération, a affirmé à Londres le général Gordon Messenger, porte-parole de l'armée britannique, au terme des premières 24 heures.

Il note que malgré des «affrontements sporadiques», les talibans ont été «incapables d'opposer une résistance cohérente» et parlé d’«un petit nombre de rebelles tués». Samedi, un porte-parole de l'armée américaine avait évoqué une «résistance minime».

«Prise médiatisée d'un petit village»

Les forces afghanes et internationales ont présenté «Mushtarak» comme la première phase d'une vaste opération visant à restaurer l'autorité du gouvernement dans la province du Helmand, l'un des principaux fiefs des insurgés et «grenier» à opium, source importante de revenus pour les talibans. L'opération est, de fait, la plus vaste depuis l'annonce, en décembre, par Barack Obama d'un renfort, cette année, de 30.000 soldats américains pour inverser le cours de la guerre.

Un commandant taliban, le mollah Abdul Rezaq Akhund, a cependant raillé dimanche une «opération de propagande» et la «prise médiatisée par les télévisions d'un petit village».

Les talibans n'ont jamais opposé de résistance frontale aux précédentes offensives dans le Sud ou ailleurs, privilégiant une tactique de harcèlement avant de se replier dans les montagnes ou de se fondre dans la population. Nombre d'experts et responsables des services de renseignements occidentaux estiment toutefois que Marjah n'est qu'un fief taliban parmi d'autres dans le Sud.

(Source AFP)

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